28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 15:18

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Au lieu d'écrire, je dessine. Et mon cerveau, bienheureux, s'éteint. De son extinction, bienheureux. Écrire comme je dessine. Débranché. Off. Sinon rien. De parole, assez. De pensées, trop. D'idées, le tourniquet et la nausée. Une ligne qui s'allonge et bifurque, avance au hasard et s'enroule sur elle-même, fascinante, l'hypnose, allumé-éteint, repos. Écrire comme dessiner. Pas là. Pas moi qui dirige. La ligne se déroule, revient à son point de départ. Elle ne dit rien. Elle dessine. Ma main suit. N'existe à l'œuvre qu'un secret. Je suis le dirigé, l'objet. La page blanche, c'est moi, et les mots viennent se poser, comme les plumes d'un oiseau bleu, doucement, frôlent ma peau, délicate. Je ne suis plus. Ça se passe loin, loin, si loin. Et me voilà si tranquille, si bien sans l'autre, là, le bec cloué sous mon front. Je devrais toujours commencer par dessiner avant d'écrire – dommage qu'au milieu des fourmillements d'idées, celle-ci jamais ne danse. Ô mais quel merveilleux refuge. Cette pièce sans lumière où tout devient phosphorescent. Où tout disparaît enfin, sauf la peau le regard la respiration. Une simple ligne qui ne dessine aucun mot et la pensée disparaît. Encore quelques enlacements d'encre et bientôt tous les amphigouris de l'esprit se sont évaporés. Ça chante seulement. Ça chante sans rien dire. Ça tourne en rond dans un bienheureux silence qui s'enroule sur lui-même, comme un chat, et ronronne, comme un chat. Je suis comme un chat lové dans sa fourrure, au milieu de coussins feutrés, j'ai perdu ma pensée quelque part et j'en ronronne de plaisir. Je suis un animal. Je suis l'animal que je suis vraiment. Il me reste cette parole de reflet, ce chant doux qui ne dit rien, fait miroir, c'est tout.

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commentaires

D
Vous allez rire de mes références mais ce texte me rappelle une chanson de L.Fabian qui dit (crie?) "Débranchez-moi". Sourire.<br /> <br /> Mais comme je me retrouve dans vos mots et dans cette abdication de la pensée pour se réfugier dans des parties oubliées, reptiliennes, où retrouver une paix atavique. En fait, je fais cela<br /> souvent: me débrancher. J'ai un mot déclencheur on va dire, qui efface tout pendant quelques minutes. Je me suis aperçue que c'était souverain sur mes migraines, curieux n'est-ce pas? Je crois que<br /> je pratique l'auto-hypnose sans le savoir... :)
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C
<br /> <br /> étonnant oui!!<br /> je n'utilise plus assez ces zones de présence-absence si délicieusement bienfaisantes, d'en parler seulement me donne envie!<br /> une paix atavique, exactement ça, ou "débranchez-moi" en d'autres termes ;-)<br /> merci pour ces quelques lignes, passage qui me fait plaisir, j'espère aussi que le printemps vous est doux et bon et lumineux!<br /> <br /> <br /> <br />
V
Coucou!J'adore ce texte,pas besoin d'expliquer pourquoi....Un gros LIKE et une biz :)
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C
<br /> <br /> je crois que je devine... ;-) merci Vauerly! et la bise aussi !<br /> <br /> <br /> <br />

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