24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 18:07

2012-06-29 17.45.13

 

Toutes fenêtres fermées, la musique de Damien Rice, ma solitude d'il y a longtemps, l'éternel bâtiment d'en face, le ciel gris d'avant l'orage. L'absence de projet pour ce soir. Les milliers de projets pour demain. La pensée d'elle rentrant du travail, passant là, en bas. Quelle soirée? Nous regardions des films enlacés, promenions nos silhouettes dans les rues du quartier, discutions dans sa cuisine à la lueur de nos journées. Mon grand-père mourant que j'évite. Ma vie que je ne cesse de construire, sans jamais arriver nulle part, des culs-de-sac, des châteaux écroulés, des nuées incertaines. Les murs entre le mexique et les usa, entre israël et la palestine, entre le nord et le sud de la corée, entre l'inde et le cachemir, les autres murs, et le mur entre elle et moi, entre moi et moi. La démesure de tous les défis, de tous les désirs. Je me perds un peu moins en me faisant croire que je me retrouve ici, entre ces quelques lignes, devant ce mur que je connais, en limitant ma vision à ce que je sais et crois savoir, en ne posant sur le reste que quelques petites touches de conscience, juste un doigt, un regard. Et ce monde si confiné qu'est le mien. Une montagne, un lac, deux ou trois bistros, une poignée d'amis, quelques membres de famille, les activités qui par alliance de plaisir et d'habitude se sont glissées sous ma peau jusqu'à se confondre à ma personne. Et ce monde si vaste dehors. C'est vrai le temps qui semble passer plus vite. Et la joie? L'émerveillement? L'enthousiasme? La confiance? L'amour léger? Avant-hier soir, je me suis couché impatient du lendemain, j'avais hâte d'en avoir fini avec mon sommeil pour pouvoir reprendre ce que j'étais forcé de quitter, frappé de redécouvrir cette appétence, cette faim de vie, cette envie d'y être. J'avais oublié cette sensation, cette urgence. J'ai aimé descendre le fleuve, me laisser couler sur le Rhône en taillant la bavette, dépasser ma pudeur et franchir ce que ma peur d'être blessé allait encore m'empêcher de vivre. La fraicheur de l'eau dans la rude journée de chaleur, la force du courant qui me transporte sans devoir bouger. J'ai aimé la mâle douceur de ce nouvel ami qui me parlait de sa voix grave, écoutant mes interrogations, me racontant les anciennes siennes, j'aimais sentir la présence, la confiance dans son ton, comme s'il me transmettait cette sécurité, comme si ça ne pouvait qu'aller, que finir par se mettre en place, tout ce grand merdier. Le jour tombe et ce message que j'espère autant que je crains n'arrive pas. Elle ne m'écrit pas. Si je pouvais m'arracher une peau qui déclenche ce que je souhaite, je serrerais les dents et m'exécuterais. Si je pouvais faire un geste qui précipite ma retenue, je respirerais un grand coup et fermerais les yeux avant de les rouvrir pour sauter à pieds joints. Ce sont pourtant des petits pas qui m'ont fait avancer, toujours. Quel est le prochain qui fera plus de place encore à ce regain de légèreté?

 

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