27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 13:56

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Courir, être pressé, passer d'une activité à l'autre, finir une chose – ou pas – pour vite commencer la suivante, craindre d'arriver en retard, accomplir une tâche en en portant trois autres sous le front, subir l'urgence des journées hachurées de rendez-vous, d'obligations, de tâches, porter sur soi la liste mnémotechnique où se décline l'ensemble étouffant de tout ce qui reste à faire, et faire, faire, faire, sans s'arrêter, imperturbablement, remplir, répondre, payer, tapoter, imprimer, envelopper, attendre, réparer, faire réparer, racheter, remplacer, la conscience réduite à une fine aiguille qui avance et recul dans le tissu qu'elle brode sans en connaître ni la forme, ni l'utilité, ni la matière, intercaler la dose minimale d'exercice physique, les dix minutes occidentales de méditation qui permettront d'être encore plus efficace, penser à monter les escaliers à pieds à défaut de pouvoir marcher dans l'herbe, parce que ce qui compte ce n'est pas de marcher dans l'herbe humide et grasse de la planète Terre, c'est d'avoir les muscles en forme pour fonctionner dans l'insipide aridité du système qui étouffe l'humanité de nos présences, abuse de nos souffles à des desseins qui ne servent que pauvrement et succinctement nos valeurs, mais quand même tout faire pour trouver un moment d'évasion quelque part durant les quelques heures du weekend qui ne seront pas allouées au sommeil, à la récupération, à la rarissime réunion familiale sur laquelle tient encore vaguement debout le sens de notre appartenance, de notre enracinement, de notre histoire, au seul moment privilégié qu'il reste pour partager quelque chose par amour, sans autre motif que le plaisir. Qu'est-ce que cela ?


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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 17:12

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Je trouve assez édifiant que l'acte de refuser un verre de vin ou de bière soit systématiquement suivi de quelqu'un qui vous demande: « Tu ne bois pas d'alcool? » L'air surpris, suspicieux, inquiet, l'air de se demander ce qui cloche avec vous, deux yeux – quand ce ne sont pas ceux de toute une tablée – vous fixent alors d'une impressionnante intensité et vous voilà sous les feux d'un interrogatoire musclé, où l'on pourrait presque croire qu'il en va de votre réponse comme du sort de la soirée, la teneur de vos paroles pouvant précipiter la suite dans un indescriptible chaos ou ramener la paix dans les têtes échauffées. Une phrase courte et vague sur des motifs de santé devraient vous permettre de faire tomber la tension soudaine suscitée par votre dangereuse affirmation, les muscles de vos interlocuteurs s'affaissant d'un perceptible soulagement... Tandis que l'affichage assumé d'un choix personnel vous met dans une situation à haut risque: la présence d'un membre d'une telle minorité peut en effet provoquer une disharmonie sociale quasi insupportable, le groupe s'arrangeant alors à tout mettre en œuvre pour tenter de vous ramener dans le troupeau, sur le droit chemin – surtout quand ses membres sont d'ors et déjà incapables de suivre une trajectoire rectiligne... Vous l'aurez donc compris, si vous cherchez à vous faire remarquer en soirée, à passer pour quelqu'un d'étrange, éveiller des curiosités innombrables, faire jouer un nerf sensible de votre entourage, ou souhaitez tester votre résistance à un habitus social aussi transparent que tabou, ou encore simplement vous amuser à observer les inévitables réactions d'éveil et de vigilance sur la physionomie d'autrui (les expressions du visage sont coquasses, il faut dire...), c'est très simple, il suffit de refuser le verre d'alcool qu'on vous propose... Dites-moi, quelle autre substance suscite pareils échanges? D'ailleurs, si vous avez bu un peu et qu'il vous vient l'envie de vous arrêter, que vous n'en avez simplement plus envie, admirez avec quelle ferveur l'on va maintenant s'occuper de vous pour vous convertir au dernier verre, à la dernière goutte, à l'ultime lampée... Vous a-t-on jamais fait pareil cirque pour un fond de thé froid? Dans mon rire il y a de la tendresse, de la colère et quelques frissons qui me parcourent l'échine.

 

 

c'est comme ça


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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 07:04

 

 

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Je rêve d'un corps comme dans les magasines. Les magasines pullulent de ce corps qu'il me faudrait avoir pour... Il y en a plein, il n'y a que ça. Tu ne vaux rien si tu ne ressembles pas à ces corps-là. Leurs photos, ce qu'ils racontent, le pouvoir qu'ils ont est fantastique. Même ceux qui s'occupent de notre bonheur, ceux qui se targuent de nous montrer la voie, de trier les informations, même ceux-ci sont imbibés de ce qui pervertit notre rapport au monde et à nous-mêmes. A chaque page, tu trouveras des jambes parfaites, des visages angéliques, des corps athlétiques, et la plupart sont largement déshabillés. (Un corps nu pour vendre un parfum. Des jambes affriolantes pour vendre des chaussures. Hein?!) Et les phrases assassines, et les annonces débilitantes. Sur une page, un sociologue de fine mesure déconstruit avec perspicacité les violences symboliques de nos modernes coutumes, sur une autre le philosophe aux acuités redoutables pose des questions fondamentales, mais chacun de ces articles patauge au milieu des pires manipulations publicitaires, et entre deux on vous sert des recettes à la joie, des méthodes au bonheur – en nourrissant ce qui en nous croit encore au possible d'une île, d'un rivage nirvanesque. Un étrange mélange, où la séduction opérée par l'intelligence vouée à tromper l'homme s'acoquine à celle qui tente désespérément de lui fournir de quoi trouver ses propres vérités. Ce qui se propose de vous délivrer par devant vous emprisonne par derrière.

 

Il y a vraiment des moments où je pourrais vomir ce monde dans lequel je vis. Où je m'aperçois de la quantité largement majoritaire de saloperie symbolique dans laquelle mon esprit et mon âme sont embourbés et où il me semble que rien ne peut me tirer d'affaire sinon que de me tirer tout court. Et de m'imaginer alors que toute l'énergie déployée à ne pas me laisser prendre par cette farce tragiquement laide pourrait devenir celle qui se déploierait à me laisser prendre toujours mieux par une autre, tragiquement belle.

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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 09:33

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Il me faut bien observer ceci. Il m’en faut noter les plus subtils procédés. Cette métamorphose par laquelle peu à peu le mouvement se fait, par laquelle sa force se condense et se glisse dans mes gestes. Remarquer avec méticulosité sa lenteur, et combien c’est dans cette lenteur précisément que son essence semble à la fois prendre source et trouver un écoulement. Bien voir chacune des minuscules étapes qui ont tissé le déroulement de son émergence, depuis le jour où l’idée m’en est venue jusqu’à celui où ma présence l’a agit. Pour ne pas commencer de croire qu’il aurait suffit de, qu’un raccourci eut été possible, qu’en prenant tel détour sans doute eussions-nous pu, mais non, plutôt comprendre que c’est exactement dans cette lenteur, cette longueur, cette temporalité qu’il est devenu possible, qu’il a pu se frayer une voie et déboucher enfin aux abords de mes actes. Considérer dans le détail et la multitude tous éléments qui se laissent identifier, pour mieux tolérer encore toutes les attentes qu’il y aura à souffrir devant soi, toutes les patiences dont il faudra user avec ce qu’elles ont d’énervement en leur nature. J’en distingue deux fondamentaux. Tous deux de rencontre. Celle d’altérité, qui, par le reflet et l’invitation aux éprouvés a donné à sentir ce dont était fait le mouvement et ses empêchements, le désir et ses étouffements. Et celle d’intimité, qui, par l’accueil de ce qui est et l’abandon des volontés, des exigences, des croyances, a ôté du chemin ces prises d’esprit qui ne sont en fait que des encombrements, des rigidités. Ainsi, lentement, sur cette voie libérée, dans cet espace d’abandon et d’ouverture, quelque chose, quelque mouvement intérieur a pu progressivement faire son chemin, à l’allure qui était sienne, pour se développer, grandir et commencer de s’épanouir.

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 09:33


Ce sur quoi j’avais l’habitude de m’agiter, mais est-ce cela je n’en suis pas sûr, ce léger malaise sur lequel j’avais l’habitude de m’agiter, une sensation diffuse dans la poitrine, diffuse et désagréable, j’y réagis différemment, si c’est bien la même sensation. J’avais l’habitude, très immédiate, très réactive, mais est-ce « je », est-ce cette part décisionnelle, non je ne crois pas, ce n’est pas elle qui s’agitait, c’était plutôt comme un réflexe, une réaction simple, comme une réponse automatique à un stimulus, je ne choisissais pas de réagir comme ça, « ça » réagissait, et ça réagissait en s’agitant, en fuyant dans l’agitation. Et je découvre, du jour au lendemain, que cette réaction n’est plus, qu’elle a disparu, pour laisser à place à autre chose. Un accueil. La sensation m’arrive et je la reçois. J’ai ce léger mouvement de recul, ce léger mouvement de conscience qui reçoit la sensation et l’observe, sans plus y être mélangé, sans fuir dans un mouvement qui manque de conscience et s’agite fiévreusement. Non, il y a un calme, aussitôt, une distance qui me permet de regarder cette sensation de loin, de la recevoir dans ma conscience et d’en constater la présence au creux de ma poitrine, calmement, distinctement. Et, c’est l’autre nouveauté, je peux alors, dans une conscience nouvelle, accueillir ce qu’elle évoque, cette sensation, je peux l’entendre dire ce qu’elle dit de moi, ce que mon corps vit à ce moment même, distinctement. Et du coup, au lieu de l’agitation qui prenait place d’habitude, m’emportant dans une fuite que « je » n’avais pas choisi, qui se faisait malgré moi, je peux maintenant prendre soin de cette parole, de son message, le considérer attentivement, distinctement, et je m’aperçois qu’il n’est même pas question d’agir, de faire quelque chose pour répondre à cet appel, je m’aperçois que le simple fait de le recevoir, de l’accueillir consciencieusement et d’entendre ce dont il me parle, suffit. J’aurais imaginé qu’il me faille agir en fonction, pour faire passer la sensation désagréable, mais finalement non, le simple fait d’être en sa présence, calmement, à l’écoute de sa vibration et de ce qu’elle m’évoque, semble suffire. Et ce n’est pas qu’elle disparaît, c’est seulement qu’elle existe, et qu’une sorte de paix prend place, un calme qui suffit à la rendre habitable. Je peux soudainement cohabiter avec cette sensation. Exister avec elle. Ça ne fuit plus, ça ne m’emporte plus dans la fuite, et je peux rester avec, présent, et cela, malgré ce que j’aurais imaginé, semble suffire.

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 12:17

Par le corps un autre chemin se dessine. S’impose. La décision est une capitulation devant ses forces maîtresses, ne laissant d’autre alternative que la souffrance. Souffre ou change. Et, encore, la décision est pauvre : elle préfère la souffrance tant que son poids est moindre que celui du changement. Il faudra attendre la bascule, sous la flèche du temps, qu’elle avance jusqu’au point où quelque chose de l’insupportable s’annonce. Là, tout d’un coup, la décision semble décider. Elle capitule, en fait. Elle renonce. Sans pourtant assumer sa défaite, à se faire croire que toute la gloriole lui revient, quand c’est l’organisme qui règne souverain, modeste, discret, mais d’une masse implacable. Nous avons beau connaître, le danger, la promesse de maladie, la complication, le risque, il en faut la manifestation concrète, jusqu’à la zone la plus perturbée, pour qu’enfin toute la conscience, toute la sagesse, s’accomplissent en geste, en soins. C’est qu’à notre savoir, le sentir doit suppléer, bien souvent, pour que s’agisse enfin l’évidence – si bien prononcée, si mal réalisée. A notre concevoir, le réel doit brutaliser, à notre pensé, la brûlure doit enseigner, pour que le mot se gorge de sang, que la parole se forge de sens, et qu’à la place du discours prennent possession le geste concret de ce lieu difficile, au-delà des théories : changer.

 

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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 12:38



A son immédiateté reconnue, la présence se déclare, nue et véritable. Bonne ou mauvaise ne la concerne pas, seule de son phénomène, son apparition, suffisante, permise. Aux qualificatifs, sa valeur se défile, mais qualifiée, sa nature se dessine. Toute pleine de sa substance, de vide ou de plénitude, de dissemblances en mélanges, distincte en dedans du dehors, au contact de ce retour que lui prête la conscience. Un regard ouvert, qui ne la conditionne pas en jugements, la forme seulement au moule de son langage, aux limites de son entendement sans doute, mais n’est-ce pas aux frontières que la liberté se mesure ?

 

Tout objet absent du discours, quand rien ne se donne à penser, qu’aucune cible n’éveille l’attention, il reste encore l’étrangeté de ce rapport à la parole sans adresse ni propos. Evoquer ce qui se désintéresse de toute formulation, exprimer l’indifférence-même à l’exprimable. D’une bouche de silence, tirer le son de cette note aphone, où s’étouffe la nécessité narrative, et lui rendre ainsi l’écho d’une autre nécessité qui la chevauche. Nul accident ne compose ce dont est fait ce temps, échappant aux clartés des significations, cette absence n’en est pas moins pleine de sens, dirigée vers ce qui révélera les motifs de son ordonnance. Ne donnant rien à voir, elle se manifeste pourtant, toute entière, là. Elle demande à n’être en rien refusée ou dénaturée, invite au vécu complet de sa pauvreté symbolique. Porte mon silence dans le tien, et laisse-les exister ainsi, souffle-t-elle d’un regard.

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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 16:37



En force ce qui passe fait un manque, une absurdité. L’effort qui  n’a pas désiré se replie sans fin à son début, son initial entêtement, vide et creux. Ses réussites ont toujours le goût de l’échec, et la leçon à tirer n’est rien d’autre que son absence, voilée derrière l’obstination de sa volonté.

 

S’abandonner à soi, ô l’amère réponse au premier temps de son goût, indélicate, râpeuse. Que la vie ainsi faite, puisse se résumer à ce que le corps propose, tout juste digeste. Et pourtant, de là sans doute partent les ramifications d’une présence accordée, substantielle, véritable.

 

A peine quelques mots venus traduire ce lieu que la plupart d’entre eux ont déserté. Où la vie se renoue, où les fils se démêlent pour de nouvelles combinaisons, de nouveaux échanges entre ce qui reste et ce qui sera transformé. Certains silences mènent au langage qu’aucun mot ne saurait aborder.

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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 16:08



La vie questionne ce que le corps n’a pas encore expérimenté. La tête donne des réponses fragiles comme des os de verre, au premier mouvement fissurés.

 

Je me cherche une signification pour demain, alors que je n’ai pas celle d’aujourd’hui. Et je me heurte à penser hier, quand l’instant confortable est tissé de douleur. C’est l’occasion d’être à laquelle j’échappe, par voie de distance. C’est la pleine rencontre aux ensembles qui reste dans l’ombre, par choix d’ignorance. Toute la matière du présent n’est pas aisée. Ca fait des contours et des absences, des cheminements sur la bande, à frôler l’essence. De quoi parle-t-elle, cette langue de silence ? Quel est l’interpelé de cette gangue de sensations ? En ce que le corps expérimente maintenant, où donc se situe l’espace qui me nomme, auquel je me reconnais ? Quelle est la frange de puissance qui, confondue dans les draps de l’attente, ne sait pas encore s’agir, se transformer ?

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 10:04


Le vent du sud. L’air du lac. Le vol des rapaces, très haut dans le ciel, les hirondelles, l’herbe grasse. Je m’y suis installé comme un œuf fragile, en gestation. Un seul espace où respirer tient debout, donne l’odeur des choses, rend l’haleine de mes humeurs. Tendu comme un filin de secours, ce sol à la terre tendre, souple, féconde, où s’étendent enfin les souffles, la bête humaine. S’accueillir au monde, pas le moindre des rituels, et tout ce temps tenu entre les rues et les murs, si loin du perceptible d’appartenir à quelque chose. C’est le chant des veines, coulant au fin fond des sèves, le principe même, l’origine sans détour, un frisson d’existence passant, tous transitoires ici bas. Qui se réveille, s’interpelle, et évoque enfin le dépassement qui sauve, où la mort attend, mais où la vie résiste. Si simplement, sous ce bras que caressent les feuilles, au sein du ventre qui respire, ce regard envahi par les formes infinies, la danse des couleurs, là où chancelle la tenue, où s’ouvrent les sens.

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