I
De ma pensée cartésienne
Droite et anguleuse
Etroite en son focus
Qui range tout avec application
Je souffre
De n’être relié à rien
Alors j’arrête tout
Et j’attends les yeux au flou
Que s’ouvre ma présence
Jusqu’à pouvoir toucher la peau du monde
II
Là
Où s’arrête
Où s’étend
Délivre
Ce cœur simple
Naïf en tout
Vous êtes parfaites dit-il
Heures délicates
Au refuge éprouvé
Se retourne
Le caché, l’absent
Au contact plein des choses
La folle apparence
S’éteignent tant de bruits
Dispose tout entier
Ce regard éventré
III
J’ai creusé
Dans le flanc du jour
Un puits de lumière
IV
Là où les nuages passent
Rien ne recommence
V
Refuser complètement
La logique des choses
Tout de suite
Jusqu’à suffisance
Du règne indicible
VI
Aimer écrire. Aimer les mots – leur son dans la tête – leurs phonèmes imprononcés dans la bouche mais qui s’y éprouvent tout de même – leur résonnance infinie – l’ouverture poétique de chacun s’il est déposé dans l’ouverture poétique des mondes insoumis – l’ivresse du jeu qu’il y a à saisir un mot pour l’écrire – cet arrachement au silence d’un signe, l’extraction au sol d’une pierre à jeter dans l’eau pour éclabousser le visage du jour – plaisir incompréhensible, incompressible d’avoir les mots pour outils, de n’avoir qu’eux entre soi et le temps, soi et le monde – cette jouissance subtile à peine identifiable.
VII
Nous échouerons finalement
Toujours
Immanquablement
Nous échouerons au bout du compte
Au bout du chemin
Contre l’écueil du temps
L’écueil infini de notre finitude
Nous échouerons tous les mouvements que nous avons entrepris
Là, là où le chemin s’arrête
Nous échouerons contre la langue de sable
La langue dégueulasse de notre finitude
Nous ne pouvons qu’échouer
Lamentablement
Sur cette rive infinie qui nous attend
Dresse sa montagne de sable
Son insupportable masse de temps
Nous échouerons finalement
La gueule dans le sable
A mordre la poussière
Les yeux brûlés contre le soleil
Ultime rive des derniers Hommes