13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 11:55



I

 

De ma pensée cartésienne

Droite et anguleuse

Etroite en son focus

Qui range tout avec application

Je souffre

De n’être relié à rien

Alors j’arrête tout

Et j’attends les yeux au flou

Que s’ouvre ma présence

Jusqu’à pouvoir toucher la peau du monde

 


II

 

Où s’arrête

Où s’étend

         Délivre

         Ce cœur simple

Naïf en tout

         Vous êtes parfaites dit-il

Heures délicates

                         Au refuge éprouvé

Se retourne

                               Le caché, l’absent

                Au contact plein des choses

                La folle apparence

                               S’éteignent tant de bruits

Dispose tout entier

Ce regard éventré

 


III

 

J’ai creusé

Dans le flanc du jour

Un puits de lumière

 


IV

 

Là où les nuages passent

Rien ne recommence

 


V

 

Refuser complètement

                La logique des choses

Tout de suite

                Jusqu’à suffisance

Du règne indicible

 


VI

 

Aimer écrire. Aimer les mots – leur son dans la tête – leurs phonèmes imprononcés dans la bouche mais qui s’y éprouvent tout de même – leur résonnance infinie – l’ouverture poétique de chacun s’il est déposé dans l’ouverture poétique des mondes insoumis – l’ivresse du jeu qu’il y a à saisir un mot pour l’écrire – cet arrachement au silence d’un signe, l’extraction au sol d’une pierre à jeter dans l’eau pour éclabousser le visage du jour – plaisir incompréhensible, incompressible d’avoir les mots pour outils, de n’avoir qu’eux entre soi et le temps, soi et le monde – cette jouissance subtile à peine identifiable.

 


VII

 

Nous échouerons finalement

                Toujours

                Immanquablement

Nous échouerons au bout du compte

Au bout du chemin

Contre l’écueil du temps

                L’écueil infini de notre finitude

Nous échouerons tous les mouvements que nous avons entrepris

Là, là où le chemin s’arrête

Nous échouerons contre la langue de sable

La langue dégueulasse de notre finitude

Nous ne pouvons qu’échouer

                Lamentablement

Sur cette rive infinie qui nous attend

                Dresse sa montagne de sable

Son insupportable masse de temps

Nous échouerons finalement

                La gueule dans le sable

                A mordre la poussière

Les yeux brûlés contre le soleil

Ultime rive des derniers Hommes


 


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commentaires

A
<br /> Vais-je trouver un jour le temps de tout lire ? A chaque fois, c'est le même sentiment que tout est dit, que tout est là.<br /> L'angoisse d'abord (est-ce bien cela ?) toute cartésienne, parfois, on craint d'être vraiment le seul être dont on aie réellement la preuve, et tous les autres, et tout le monde, on ne sait pas<br /> vraiment, il faut faire confiance ou céder à un délire paranoïaque.<br /> <br /> Mais ensuite, ces fragments, petits bijoux de beauté, ce "puits de lumière" que tu creuses dans le ciel, avec la force d'un désespéré, avec un retour de fatigue, le même qui suit l'écriture...<br /> <br /> Et puis finalement, on est bien tous là, on va tous s'arrêter un jour, mais cette finitude peut se heurter à des mots, des mots pour éclabousser le visage du jour" qui mettent un peu de nous dans<br /> cette vague qui ne s'arrêtera pas.<br /> Bravo encore pour ces textes !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ce sentiment chez toi, d'un moment de complétude en lecture, me ravit...<br /> Sinon dans le besoin de sentir le concret de sa présence, je n'attends pas vraiment je crois la preuve de l'autre, peut-être la preuve de ma présence dans son attention... Mais je ne dis pas cela<br /> pour annuler ton vécu ! J'entends.<br /> <br /> J'aime l'idée de cette finitude qui pourrait se heurter contre nos mots, belle image, belle image du combat aussi féroce que silencieux et discret !<br /> Merci beaucoup pour tes impressions..<br /> <br /> <br />

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