2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 10:37


D’accord. D’accord, je vois. Comme dans le bruit, la confusion de ce lieu, où se mélangent les voix, la musique, et le tumulte des tasses qui s’entrechoquent, des tables qui raclent le sol, des voitures qui passent dehors… Je viens déposer tout ici. Sans trop savoir ce que j’avance. Je ne vois pas si bien, mais ça vient, je sens la possibilité de voir, la possibilité se dessiner dans le tumulte, le tumulte baisser le rythme de son charivari. Ne plus exiger le silence, là, dans cet incontournable bruissement d’agitation. Ne plus exiger le sacré là où toute la vie se joue, l’accueillir s’il survient, évidemment, mais c’est une autre histoire. Et nous n’en sommes pas là, certes. Je devine plus que je ne vois, mais j’ai très envie de voir, n’ai plus trop envie de secouer les puces de mes rêves ni d’agacer le nerf de mes exigences, seulement pouvoir être là où les choses sont. Bien sûr le mouvement ne va pas disparaître pour autant, ce mouvement de rêverie et d’exigence, mais lui donner un peu de place c’est déjà lui retirer le pouvoir de m’entraîner là où il veut : loin de ce qu’il se passe. Reconnaître sa présence pour ce qu’elle est, un tissu d’illusoires représentations où l’expérience est quittée, c’est redonner à l’expérience la possibilité d’être reconnue pour ce qu’elle est, une complexité actuelle où s’entremêlent et se succèdent des sensations, des impressions, des pensées, des sentiments, des émotions, y compris ce grand mouvement de rêverie et d’exigence, mais plus lui seulement, plus seulement lui et ses absolus où l’expérience ne peut plus trouver de place, ses absolus qui viennent à coup d’intransigeance valider ou annuler la qualité de ce qui est vécu, selon ses critères, ses évaluations. Là où l’expérience perd sa subtilité, où il n’est plus question que d’un oui ou d’un non, d’une configuration qui ne peut être qu’optimale ou nulle, mais jamais entre deux, jamais mixte, jamais mélangée, indéfinissable, changeante – jamais tout ce qu’elle est en fait. Alors non, je n’ai plus envie de caresser la peau de mes rêves si c’est pour ne plus être là où les choses sont. Je préfère me laisser caresser par les choses comme elles sont et parier qu’un jour cette caresse s’illuminera d’une consistance rêveuse et sublime, mais ne plus passer à côté de ce que la vie me donne pour le compte de ce que j’exige d’elle. A convoiter ainsi les parts sublimées de mon existence, je suscite davantage de douleur et de distance que de plaisir et de présence, de présence surtout – avec tout ce que ça suppose de limite, de tiédeur, de mesuré, d’imperfection, réalités incontournables de l’expérience qui comme par hasard sont annulées. Je vois, je vois toujours mieux, ce n’est pas la première fois que je vois, mais ma conscience s’avance toujours plus loin dans le vicieux de cet être au monde qui exige le sublime des qualités et finit par se couper du monde comme il est, du monde et de ses qualités. Là où je crois me rapprocher du plus précieux, j’installe des attentes qui me coupe de tout ce qui se passe en moi. La consistance de mon vécu s’effiloche sous la lame de mes revendications au plus précieux, au sacré, à la profondeur, à la qualité. Ce n’est pas nouveau, pas vraiment une découverte, mais je m’enfonce un peu plus loin dans la grotte de cette intériorité qui semble sans fond, et dont je ne changerai pas les dispositions mais qui, à mesure que j’y installe les lumières de ma conscience, perd un peu de son pouvoir sur la spontanéité de ma personne. Tandis que simultanément je gagne en pouvoir de choisir ma façon d’habiter mon expérience et ses bruits, ses tiédeurs, ses ennuis, tout ce qui n’est pas digne d’intérêt aux yeux de ce regard aux folles exigences.

 

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commentaires

T
<br /> Je vais bien.Je ressens le besoin de faire partager tes écrits, me permets-tu d'inscrire ton lien sur mon profil de FB? Je comprendrai ton refus. Te lire m'emplit d'un bien-être appaisant. Merci.<br /> Biz ;o)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Tant mieux!<br /> <br /> <br /> J'apprécie beaucoup que tu me demandes, mais tu peux bien sûr mettre un lien... Juste qu'il n'est pas très vivant ces temps...  :-L  (moi si, alors c'est pas trop grave!);P<br /> <br /> <br /> à+, bises<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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