25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 17:51

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Un corps qui se réveille et se lève. Un être qui spontanément passe de son horizontalité reposée à l'éveil vertical. Ça se passe comment? Ça se vit comment? Je ne sais plus. La conscience qui doucement émerge des songes, passe de la nuit au jour, ses pensées de l'obscurité à la lumière, et quelque part dans les tissus, irrigations, soubresauts, les muscles d'une légère irritation demandant à s'étirer, les articulations qui craquent, la mâchoire qui s'ouvre dans un bâillement d'ogre, gueule prête à avaler le monde, un appétit de photons, narines énervées humant l'air, les poumons qui poussent les côtes et bousculent les organes. Et l'humeur, l'humeur, couleur d'âme au pied du jour, appel d'air dans la poitrine, la voix qui chante avant de parler. Juste l'envie de se lever. Le besoin de bouger. Toute la machine qui se met en branle, de sa propre initiative. Je dois m'en souvenir, pour pouvoir le décrire, ce réveil dont je ne me souviens pas. J'ai deux semaines devant moi pour retrouver le plus élémentaire, le plus primitif de mes mouvements. Une semaine de permanence où je commence plus tard, puis une semaine de vacances, où je commence quand je veux. Je me lève parce qu'il le faut, parce que c'est l'heure. Je n'ai jamais assez dormi, jamais assez bien. Je ne ressens jamais l'envie de me lever, sinon en posant sous le nez de mon esprit la carotte d'une heure d'écriture avant le travail, je donne des coups de pique sur la peau de mon sommeil, je titille la bête, l'empêche de retomber dans ce qui obsède chacune de ses cellules. Violence. Chaque sacré putain de matin. En deux minutes, tandis que je marche en titubant, j'ai au cœur de la poitrine un tremblement vif et désagréable, une agitation frétillante comme un poisson sorti de l'eau qui cherche désespérément à respirer de ses branchies violentées par l'oxygène pur. Je pourrais avoir un besoin vital de dormir, un désir subtil de jouer avec les muscles de ma nuque, la plus noire et la plus irritée des humeurs, soif ou faim, je n'y prête guère attention: tout ce qui compte c'est l'urgence d'être au plus vite installé pour écrire et m'assurer le temps de transition qui rendra le départ au travail moins difficile. Mais c'est perdu d'avance: pour peu que j'ose me l'avouer, tout est déjà difficile, avec un tel régime de violence, de volontarisme indélicat, de surdité totale a ce qui a lieu en deçà de ma décision.


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commentaires

P
<br /> Joli ciel tourmenté<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> merci ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Je me réveille toujours comme si je tombais d'un autre monde.Très rapidement, l'inactivité m'est insupportable. Une forme de faim, d'avidité, de besoin, me gagne très vite. Comme ouvrir la fenêtre-<br /> même en plein hiver- et écouter la rumeur du monde qui me dit que je ne suis pas seule (même si c'est un gros mensonge que je me fais à moi-même). Je suis moins dans l'écoute attentive de la<br /> "mécanique" tant j'ai l'habitude d'ignorer ce pauvre corps qui somatise.<br /> <br /> Dans "La faim du tigre", une réflexion de Barjavel m'avait frappé: on ne contrôle rien du fonctionnement de notre corps, tout se fait en dehors de notre volonté. Et bien heureux, car s'il fallait<br /> penser à chaque instant à respirer, il y aurait beaucoup de morts...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> vous seriez peut-être alors sensible à ce que vous trouverez sous le lien "le risque d'être" tout en bas...<br /> <br /> <br /> bons réveils à venir Désirée ;-)<br /> <br /> <br /> <br />

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