26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 03:46

Saintes-Maries-2011 0026

Écrire me rend triste. Je ne suis pas triste avant d'écrire, ces temps. Je n'ai pas ces lancées fuligineuses au milieu du thorax, n'ai pas la gorge si serrée, jusqu'au moment où la page me regarde et m'interroge. Ça commence au moment où elle attend de recevoir les réponses à ses questions sans objets, dispose ses lignes à ma plume comme les cordes d'un étendoir où crocheter une à une les lingeries de mon intimité. Mais est-ce d'écrire ou de retourner mon attention, de laisser flotter au vent mes tissus en attendant qu'ils sèchent, m'apercevant souvent qu'il ne sont pas si propres qu'escomptés? Créé ou révélé ce remugle d'émoi? (L'odeur n'est pas si mauvaise qu'elle est chargée). Que tout s'arrête. Ou qu'on m'ôte un membre. Qu'on ampute cette vie qui s'agite telle la déesse aux milles bras. Aimer trop de choses a peut-être quelque chose à voir avec trop aimer. Même dévastation, de lieux différents. Même confrontation aux limites de l'altérité. Que reste-t-il à respirer? Que reste-t-il à contacter dans cette confusion? Là où rien ne semble jamais finir. Là où aucun geste ne peut achever sa course, si bien qu'il ne peut se laisser choir et s'abandonner à d'autres supports que ses propres muscles.

Qu'importe. Rater le transport, marcher, attendre. Si je pouvais toucher à l'indifférence, être complètement là, j'aurais cédé ma place dans la file d'attente, je n'aurais pas couru craintivement, mon souffle n'aurait pas eu à souffrir la contrition de mes côtes. Au lieu de cette peur dont l'objet ne fait pas sens – sinon d'irrationnel fondement – il y aurait eu la disponibilité à laquelle je peux enfin m'ouvrir complètement, devant ces quelques heures d'officiel congé. D'une tranquille lenteur, j'aurais erré encore un moment aux alentours de la gare, dans cette ville que je connais mal. Observé les mouvements de foule, le défilé des visages, cherché le regard d'une désirable connivence. Je me serais amusé à être là où je n'avais nulle raison d'être. Je me serais amusé à être. A recevoir le monde dans mon être, ouvert, poreux, capteur sensible d'indicibles vibrations. Membrane d'esprit carné, de chair pensante, toute là, en prise directe avec son expérience. C'eut été tout. Et très bien comme ça.



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