27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 18:07

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Hier je disais: plus rien ne se mettra en travers de mon bonheur. Aujourd'hui, j'ai la poitrine brouillée, l'âme pleine de sanglots, le vague au cœur. Sans savoir pourquoi. Ils sont sur mon chemin, ces billots de tristesse et je ne peux guère les contourner. Je ne le souhaite d'ailleurs pas: ce serait comme de passer à côté de soi, de refuser ou d'ignorer ce qui se trouve au cœur de mon être, en sa partie la plus vivante, la plus vibrante, la plus présente. Ils ne sont des embûches qu'à l'idée que je me fais de mon bonheur. J'éprouve au contraire qu'ils sont des accès, des indices, des présences pleines. J'aurais tant aimé que mon bonheur commence aujourd'hui, que la légèreté ne m'attende pas quelque part plus loin, au détour du chemin. Pourtant, je ne suis pas malheureux si de ces tristes rondins je tire quelques flammes poétiques, si de leur texture je comprends ce qu'ils m'enseignent. C'est ce que je me disais tandis que je me traînais un peu douloureusement à la quête d'un cadeau pour une amie. Seulement elles montent si vite en moi ces impressions qu'il n'y a que du manque dans tout ce que je fais. Que si je ne suis encore que discrètement reconnu pour mes talents, c'est sans doute parce qu'une maîtrise leur fait défaut. Je m'en vais l'écrire pour provoquer le destin: j'ai décidé que je serai édité cette année. Faisant fi de toutes les contingences qui font qu'un tel évènement peut se produire, je m'écris cette formule comme on dessine un plan, comme on titille le fatum. Les livres sont là, je m'en vais faire de ce à quoi je consacre tant de vie une confiante force, déterminée et rayonnante.
    Si je ne fais rien, ce sont les murs de l'existence pragmatique qui finiront par se resserrer une fois de plus sur mes terres poétiques et les étoufferont jusqu'à mon prochain évanouissement.
    Je ne dois pas croire cette voix qui me dit aussitôt que je suis prétentieux et vaniteux. Que je ferais bien de garder ces suffisantes aspirations au secret si je ne veux pas me ridiculiser sous le regard des passants. Cette voix qui me demande au nom de quoi je peux bien prétendre à cette reconnaissance, et qui ajoute d'ailleurs que le besoin de cette reconnaissance est douteux et signe d'une faiblesse. Le travail de sape est omniprésent, à tous les étages. Elle a peut-être quelque chose à y voir la surprise qu'il me vient parfois en me relisant: mes yeux écarquillés interrogeant la possibilité que je sois l'auteur de ces lignes qui me plaisent tant. Dîtes-moi, pourrions-nous nous amuser pour un temps à aimer ce que nous faisons, à trouver cela beau et riche, à se réjouir de nos réussites et au plaisir de les partager? Pourrions-nous?
    Hier j'ai vu la photographie d'une fille dont le t-shirt portait cette inscription: « I love to be me ».

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