7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 08:39

Saintes-Maries-2011 0100

Un arbre sec, aux fibres si recroquevillées sur elles-mêmes qu'elles le déforment et empêchent la sève de s'écouler. J'ai vu cet arbre un bref instant, au moment où j'ai cessé de réfléchir. Il s'est réfléchit en moi, reflétant l'état de ma colonne vertébrale, mon tronc de vie. Douloureuse, comme tenue entre des mains de fer qui l'enserrent, la compressent, font sortir d'elle le dernier reste de fluidité. Hier et ce matin. Omoplates qui se font sentir comme des muscles courbaturés, nuque ensablée, presque cimentée, mâchoire qui craque quand je l'ouvre grande. Quels étranges choix. Quels sont les vôtres? Comment diable nous arrangeons-nous pour rendre la tâche plus compliquée qu'elle n'est déjà? Comment fais-je pour monter ainsi la vie contre moi? Hier l'un de mes superviseurs questionnait mes représentations, si similaires à celles de la personne que j'accompagne qu'elles interfèrent dans la rencontre: sans doute souhaite-t-on faire ce qu'on aime... Mais peut-on apprendre à aimer ce que l'on fait? La réalité étant ce qu'elle est: une longue inadéquation entre l'aspiration et ses données immédiates. J'ai toujours pensé qu'il était question de tempérament: j'observe que certains individus ont la capacité spontanée à se couler dans des vies multiples et à toujours y trouver leur compte, et que d'autres, comme je me sens être, sont obstinés par ce qu'ils aiment faire par dessus-tout et qu'ils n'ont qu'une seule attente, immense exigence, celle de plier le réel à leur désir pour enfin respirer de ce grand amour qu'ils espèrent. Certains sages n'invitent-ils pas à quitter l'action sans amour pour se diriger vers l'amour agi, quel qu'en soit le prix? Le superviseur interrogeait mes représentations, j'interroge les siennes. Je n'ai pas la réponse, et sans doute chaque être trouve la sienne. Je connais ma douleur, chaque fois que je contacte cette aspiration butant contre les limites du réel, je connais la souffrance qu'il y a à quitter ce que j'aime au jour le jour pour me diriger vers les obligations de ce que j'aime moins. Et qui pourtant, me permet aussi de faire ce que j'aime: grâce aux finances disponibles, à l'intégration sociale et toutes ses bienheureuses conséquences sur l'estime personnelle et le besoin de présence, aux rencontres favorisées, aux contraintes par lesquelles une personne se construit, le contenant qu'elles offrent à une vie qui sinon se morcelle et s'éclate. Non, je n'ai pas de réponse, et je n'y vois que complexité et contradictions complémentaires, décidément. Je n'ai pas de réponse, mais j'ai une colonne vertébrale en flammes, depuis que je me suis installé sur le lit pour écrire, le bois sec a pris feu et la chaleur cinglante tend à me monter dans le crâne par petites flèches. Et j'aurais besoin qu'avant d'être interrogé dans mes représentations, l'on puisse faire un peu de place à ce qu'elles disent de moi, leur donner aussi le droit d'exister, telles qu'elles sont – devinant là que si elles ont pris cette forme ce n'est pas pour rien, et qu'on ne viendra pas les déloger si facilement de mon monde intérieur en leur faisant un croc-en-jambe. J'aimerais qu'avant d'instaurer le doute là où il y en a déjà tant, l'on puisse reconnaître la valeur et la légitimité de cet univers qu'est le mien, aussi irrationnel, déraisonnable, illusoire, fantasque, enfantin ou que sais-je puisse-t-il être. Cet univers, je l'aime et j'y suis attaché, et s'il finit par changer, c'est toujours de son propre mouvement, et souvent après avoir été accueilli par une chaude bienveillance.

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commentaires

P
<br /> Jolie contre-jour pour une image complex(us)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> ;-) l'image complex-us, joli ! merci!<br /> <br /> <br /> <br />

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