29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 10:19

2012-06-20 14.53.03

 


Il me faut un silence majestueux, comme une cathédrale, remplie d'une musique aérienne et liquide. Que les harmonies mineures creusent dans l'espace des perspectives temporelles infinies. Et que viennent frisonner contre ma peau la brise du lointain, la conscience de toutes choses. Alors s'ouvrent des prières, des recueillements, d'essentielles considérations. Le temps de l'arrêt, la virginité du regard, l'immensité du souffle. Depuis la plus grande de mes pertes, celle d'une mère, ma vie est devenue une bataille, pour ne pas dire une guerre. Non. Elle l'était déjà avant, mais avant, j'avais en moi une naïve étincelle. Non. Je l'ai toujours. Mais elle se consume faiblement, tapie dans le dernier recoin d'ombre, tandis qu'avant, avant elle rayonnait sans connaître la valeur de sa joyeuse spontanéité. Je pouvais répondre « j'aime la vie » sans blêmir un seul instant, sans tressaillir, sans douter, sans mentir. Il me revient pourtant que l'année suivant le décès, j'étais plus vif et alerte que jamais, je jouissais sans mesure de la chance qu'il m'était donné d'être là. Jeune et fou, je m'amusais dans l'extase de tous mes sens déployés. Je pleurais tous les jours, je creusais sur le damier de mon parquet les sillons de mes chutes, des tortillements où la souffrance réduisait mon corps en miettes, mais l'intensité de ma douleur avait pour reflet celle, égale, de me sentir vivant et de m'en réjouir en saisissant chaque opportunité. Si je ne peux répondre avec la même franche appétence quant à savoir si j'aime la vie ou pas, je ne suis pas tant sûr qu'il s'agisse d'un deuil en suspens. Je reconnais qu'une forme de vitalité a disparu, s'est enfouie quelque part. J'y devine bien davantage, au creuset de ce manque, la permanence d'un décalage, d'une disharmonie entre ce que je me donne à vivre et ce que j'ai le désir de vivre.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Y
En relisant mon commentaire, je m'aperçois qu'ils manquent deux mots. Il ne me semble pas plus en tout cas.<br /> C'est étrange, car je parlais du français qui n'était pas ma langue maternelle. Il me semble qu'après bien des efforts, reviennent encore et toujours l'influence de mes deux langues d'origine<br /> notamment l'anglais. L'italien ressemble aux français.<br /> <br /> Plus je vieillis et plus ce que j'ai mis de côté, resurgit de façon imprévisible.<br /> Comme quoi, si nous parvenons à modifier un temps, ce que nous sommes, le naturel revient toujours au galop.<br /> <br /> Je ne pourrais jamais avoir, sans doute, un français, un anglais, un italien impeccable.
Répondre
C
<br /> <br /> on devine que aisément que c'est une affaire de langue! et je crois aussi à la permanence d'un certain "naturel"...<br /> <br /> <br /> <br />
Y
Je n'ai certes pas une plume aussi soigneuse que la tienne, pourtant ce n'est pas faute d'essayer mais vois-tu, c'est plus fort que moi, j'ai quelque chose qui m'empêche d'être parfaite !<br /> <br /> Je ne te crois pas lorsque tu dis que ne fais pas de jugements de valeurs sur ces différences puisque tu es en train justement de le faire. Sisisi, réfléchis !<br /> <br /> Mais tu as raison quand tu parles de lieux différents de soi à différents...Nous avons tendance à projeter ceux que nous sommes sur l'autre ; Ce que tu fais aussi...<br /> <br /> Pour l'heure, il me semble avoir suffisamment de lectures en tout genre à mon actif et d'expérience pour reconnaître lorsqu'un texte sort de l'ordinaire ou plutôt, en ce qui concerne notre échange,<br /> lorsqu'un de texte sort du lot (ce qui ne veut pas dire que les autres ne sont pas bons).<br /> <br /> Ce n'est pas de l'enthousiasme que j'ai, mais de la reconnaissance dans ce qui me fait vibrer dans toutes ces lectures qui mes yeux croisent et crois-moi, c'est pas souvent !<br /> <br /> Faut que je prenne garde tout de même à ne pas me prendre pour une critique littéraire ! Quoique...
Répondre
C
<br /> <br /> ok, alors merci pour la vibration de reconnaissance<br /> <br /> <br /> (quelque chose en moi construit effectivement une différence de valeur, mais je lui refuse mon assentiment, je suis pas, tout au fond, d'accord avec elle)<br /> <br /> <br /> et vive l'imperfection!<br /> <br /> <br /> <br />
Y
Je vois deux grands arbres et comme à l'intérieur un plus petit éclairé de soleil.<br /> C'est Toi !<br /> <br /> Et ce texte sort du lot.<br /> <br /> Il ne s'agit plus qu'une plume qui gratte le papier, il y a un coeur qui l'accompagne !<br /> Bravo Complexus !
Répondre
C
<br /> <br /> je devine bien ce qui est dit, je crois, mais je ne fais pas de jugements de valeur sur ces différences, pour moi ça parle de différents lieux de soi à différents lieux de chacun, et je ne crois<br /> pas que ce soit le premier, même si c'est peut-être le premier depuis un moment... mais merci pour l'enthousiasme<br /> <br /> <br /> <br />

CONNEXUS

/////////////////////////

Grand plaisir d'échanger ici
               ↓↓↓


 

/////////////////////////


Une envie de me lire sur papier ?


 

/////////////////////////