20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 12:16

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J'étais joyeux en revenant. Et nous étions ensemble dans ma joie. Comme si elle ne m'avait pas dit qu'elle ne reviendrait plus. Je veux lui écrire des billets, ce genre de billets. Les notes de mon cheminement. Au fil des jours, ce qui s'inscrit, ce qui transpire, ce qui bouge et s'adresse en secret à elle. Dans cette distance à laquelle j'adhère sans adhérer. Qu'elle ne revienne plus et qu'elle revienne. Les deux. Ce à quoi je croyais comme elle, est en train de perdre ses dernières traces: qu'il y aurait, au fond, un ressenti univoque, soit oui, soit non. Je continue de découvrir que plus j'ouvre des espaces d'intériorité, plus la vie qui s'y déroule est constituée de facettes aussi multiples que changeantes. Il y a des choses à perdre, d'elle, de nous, que je ne peux perdre sans une douleur profonde. Et il y a des choses à vivre que nous avons effleurées et qui ressemblent à ce que j'espère infiniment, simplement. Et il y a des choses d'elle qui me bouleversent, viennent caresser au plus sensible de mes chairs l'homme touché. Et il y a des choses qui ont épuisé jusqu'à la dernière de mes forces, ont malmené avec un acharnement continu le silencieux désir qui m'avait poussé vers elle. Comme une trop longue nage à contre-courant. J'en suis à ne plus savoir. Ne plus sentir. Ne plus reconnaître. Si bien qu'à me laisser dériver, cessant tout effort, je ne suis ni près d'elle ni loin d'elle. Je flotte à mi-chemin. M'éloigner plus encore est violent, tout devient coin de table, lame acérée: l'air que je respire, les images de nos souvenirs, l'aspiration à ce qui aurait pu être. Me rapprocher ne vient spontanément qu'avec une retenue, un doute, une peur. Ne pourrait se faire qu'à la condition de nous trouver une terre de paix – ou sous le joug du manque grandissant, de je ne sais quelle force encore inconnue. Il est une ambivalence fondamentale, différents lieux de moi touchés, activant différents élans. Être libéré de ce qui en son attente vient m'éprouver sans fin; sans être libéré d'elle, de ce que j'aime tant de nous et que je ne sais nommer. Qu'elle ne revienne plus et qu'elle revienne. Ce que j'aime tant d'elle et que je ne sais nommer. Quand je pense qu'on pourrait croire à de l'indifférence, en voyant cet homme figé, qui n'ose ni s'avancer ni reculer, ni plonger ni disparaître. Il a l'air d'attendre que le monde décide pour lui, que la Terre, en tournant, lui retire une des faces de son ambivalence, emporte celle-ci au lointain. Ai-je le droit de ne pas savoir? Qui a dit que « ne pas savoir » ne peut exister? J'étais assis par terre, contre sa porte, son chien venait jouer sous mes mains tandis que je lui racontais ma soirée. Je n'avais jamais éprouvé ce plaisir-là. De pouvoir lui confier le fond de mes pensées sans craindre qu'elles soient une menace, de nous sentir en confiance l'un avec l'autre, de n'avoir pour celui qui se trémoussait sous mes paumes qu'une vraie et tendre sympathie. Et j'ai eu le sentiment fugace de former une petite famille, d'appartenir à ce trio où chacun compte pour l'autre, et je sentais poindre le début d'une amitié entre nous – celle que nous étions désolés de ne pas ressentir il y a si peu. J'aurais pu me suffire de ça pour continuer. J'aurais aimé commencer par ça. Et commencer là m'apparaissait possible. Désirable.




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