19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 05:34

Saintes-Maries-2011 0129

D'un moment où il n'y aurait pour seule indication, que celle de bien sentir. Au seuil de l'affairement, sur le pas de la porte, juste avant que l'infini des perceptions ne s'entrelace et crée son tumulte. Bien sentir, tandis que l'enveloppe est encore de silence ou de musique, l'organisme son unique reflet, la pensée au choix de son attention. En ces quelques minutes qui tiennent à distance l'autre et son regard, sa voix, sa résonance aux mille vibrations, dans la lente mort de cette distance, n'avoir pour seule invitation, adressée d'un ciel en trouble, d'un rituel ressuscité ou d'on ne sait quelle intention, que la tendre conscience de ce qui s'énonce en soi.

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 06:40

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De temps pour la poésie je n'ai plus. Je m'interdis – une heure durant, une heure volée au jour et à ses expressions – je m'interdis toutes autres choses que cette plume, cette musique et ce ciel. Les tabourets sur mon balcon sont disposés comme des pièces d'échec. Deux tours au pied d'un siège, le roi fauteuil. Je mate toute autre stratégie, et assiège une heure durant ce ciel gris où une petite fenêtre creuse un trou vers le ciel du matin. Percée bleue. Mon heure ressemble en quelque manière à ce trou dans la paroi grise, jaune et rose des nuages assiégés par mon regard. Je ne dis rien de spécial, ne fais rien de spécial. Heure banale vouée à s'émerveiller d'un rien. Retrouver le sens de la perte, du dérisoire. Cette vacuité d'action où seule la plume bouge, inscris quelque chose, presque rien, quelques traces à peine, dérisoires témoignages d'une heure d'un Homme assis devant le ciel. (Qui, sous l'apparente vanité de son geste, cherche à faire survivre en lui le sens  du vertige d'être.) Fou d'un jeu voué à l'échec, pour le seul plaisir de creuser à la plume une saignée de signes sur la page, jusqu'à ce que, peut-être, l'émerveillement y fasse son trou, sa percée bleue vers l'au-delà du perceptible et du dicible. Qu'un temps pour la poésie, par rémission, me soit rendu, octroyé. Que les tours capitulent et laissent au fou sa liberté de mouvement, qu'il puisse embrasser dans ses chemins de biais dame reine au fond de son sommeil et roi soleil quelque part derrière les nuages. A l'instant-même celui-ci glisse son œil dans la serrure du ciel et m'observe. Me laissera-t-il épouser de toute ma conscience sa femme endormie? Si me voilà fou, c'est d'une folie bien innocente, qui ne jouit que d'un seul mélange: glisser ma raison dans le sexe ouvert de la vie, et l'y perdre dérisoirement, pour que renaisse autre chose.



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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 12:03

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Frissons courant d'air
palpitations vibrantes
toute l'armature
    qui tremble de vie
Plus une armature
Une chair de mouvement
Perpétuelle métamorphose
    Au contact de ce qui bouge
Une joie osseuse
Jusque dans la pierre
La plus résistante matière
Toute imbibée de dilatation
Apesanteur d'âme carnation de corps
clarté légère de mon trouble
    Poids terrestre de ma présence
Densité peuplée d'émoi
    La parole naïve de l'épargné
    Celui qui n'avait encore rien perdu
    L'adolescent qui trouvait la question absurde
    Aimes-tu la vie?
    Je lui souris d'un air complice
Après l'évidence disparue
    Le sens transi hébété
    Désert d'absurdité
Et puis cela
Ce long soupir, joie, soulagement, étonnement, surprise, abandon
Où se dépose pour un temps
Toute la tension d'une vie
puits, source, rivière
Océan, ciel, nuages
    La face douce de l'existence
    Et sa caresse sur ma joue éplorée d'apaisement

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 22:23

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J'aimerais que ces larmes qui ne sortent pas puissent être transformées en mots. Dire et faire entendre le poids de cette fatigue d'être. Que l'épuisement de ma vitalité trouve dans une parole le moyen d'être entendu. Visible à mes propres yeux. Il est de ces heures où conquérir ce dont j'ai besoin semble hors de toute portée, à jamais impossible. Et il me semble alors ne m'en être jamais approché, n'avoir jamais goûté aux plus essentielles nourritures. Je suis là maintenant. Depuis que je suis sorti des murs où je travaille, où j'accompagne des jeunes adultes en grande difficulté psychique, je me sens comme contaminé par leurs troubles, leurs fragilités, le gouffre de leur détresse. J'ai sous mes pieds un vide immense, devant moi un désert sans fin, derrière, des ruines aux beautés cruelles. A part écrire et décrire mon désarroi, jouir de cette plainte, me reposer dans l'espace de la victime, je n'ai de forces pour rien. Elles reviendront, mais je suis au creux de cette vague qui semble pouvoir m'enrouler dans sa puissance dévastatrice. Comme s'il n'allait rien rester de moi, déjà réduit à bien peu. La fatigue n'est pas tant de corps que d'être. Une sorte d'affaissement moral, d'absolue lassitude. Dont pourtant resurgira la vie, toujours. Confiance.

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 18:42

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C'est un espace autour de moi
Le sentiment de cet espace
D'une virtuelle sensation, la différence entre les bras coincé le long du corps, ou la possibilité de les étendre largement.
    Le souffle dans une cage
    Ou celui du ciel
Le regard porté contre un mur, et celui qui parcourt un paysage
Je suis si bien contenu dans l'étroitesse de mes jours
Que j'en oublie l'existence des plaines et des montagnes jalonnant mes intimes contrées
La vaste mer, étendue de mes désirs
Je suis si bien privé des nourritures qui animent mon palais
Que j'en ai oublié le goût de ma joie
    Ma faculté d'être un heureux bonhomme
    Jeune homme en joie
    sans raison
Je suis si bien préoccupé de me tenir debout
    que je ne sais plus ni danser ni courir
    n'ayant pour seul ouvrage que l'équilibre
        où je maintiens à grand peine ma conscience
    Le sentiment-même de soi


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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 18:25

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Tirez donc un peu
    Sur les franges de ce jour
Du bord de ses lumières
    étendez le drap
    Vous forces tranquilles
    Paisibles anges du rêve
Donnez à ce pauvre jour
Quelques étoffes supplémentaires
    Qu'il puisse allonger son corps
    Jusqu'au ventre de la nuit
    Tendre son crépuscule contre les étoiles
Donnez-lui de cette poudre magique
    Qui creuse dans les horizons
    D'inespérées perspectives, de généreuses profondeurs
Rendez à ce colosse fatigué
    Sa force originelle, sa belle aura de lueur
C'est que de vie je n'ai pas eu à assez
Et dormir je ne veux pas
Sinon les yeux ouverts et l'esprit éveillé
Pour goûter encore de longues heures durant
    A ce pauvre jour qui se meurt, s'éteint, nous abandonne
    Malgré les chansons que je murmure à ses oreilles
    Malgré nos visages tendus vers sa bonne présence
    Notre attente infinie d'un seul jour d'éternité

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 08:13

Dans-la-villeN6823_cl.jpg

 

 

Cette pluie
Ce n'est que le printemps
L'eau d'où jaillira la vie
Tout comme cette larme est de joie
Ce souffle de repos et d'espérance
Le tremblement de mes lèvres
Parcours mes proches souvenirs
Mais s'apaise vite contre le jour
Ces muscles tressaillant de forces
Perdre donne-t-il toujours la liberté?
Le vague de mes yeux
Dévoile au ciel une âme troublée
Prise entre mille saisons
Même si domine en mon cœur
L'assurance qu'à cet instant
Dans le cercle restreint de mon intimité
Tout est juste et bon

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 17:53

DSCN1073

 

 

Je continue de croire que mon travail d'humanité consiste à accepter la différence de l'autre, jusque dans sa plus grande étrangeté, jusque dans ce qu'elle me fait vivre de plus abominable, de plus terrifiant, de plus insupportable. Et que ce travail exige un effort de conscience quotidien, immense et parfois épuisant. Mais toujours ressourçant, au final, quand s'ouvre alors en moi, le lieu de l'acceptation, du respect, de la compréhension.

 

 

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 17:26

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Combien de mots au silence?
Combien de regards au ciel?
Sans adresse ni réceptacle
Sans le buvard d'une peau
ni l'éponge d'aucun cœur
Combien de forces au néant
Vouées à disparaître
D'un oubli sans limites?
Comment sommes-nous fait
Pour tenir sous la colonne d'air
aussi invisible qu'éprouvante?
Combien de paroles tues
Au couvert d'un informulable secret?
Combien de caresses éperdues
Entre les corps isolés
Sans le regard d'une aimante attention
Nulle considération d'âme affectée
Combien de gestes dans le vide
Happant l'air immense des absents?
Comment sommes-nous faits
Pour finir invariablement
Par aimer l'incessante épreuve?

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 17:20

 

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Je voudrais me saisir, de ce petit fil, sur lequel court ma vie, à peine visible, lui donner le tour, et porter sa folle course entre mes mains. Pouvoir toucher, sentir contre ma peau, jusqu'à la plus évanescente vibration de ce courant continu, ce mélange fuyant de matière et de temps, d'espace et de sentiments. J'aimerais éprouver au cœur de ma paume, dans le ventre de ma langue enroulée, au creux de mes os, cette chose si nombreuse, cette terre si poussière, cette eau si brume. Contenir en moi, dans une vive clarté de conscience, une nette sensation, l'ensemble de tout ce qui me contient, où se déroule chacun de mes événements. Qu'au milieu de cette parole, je puisse dire et sentir, voilà ma vie. Tenir contre ma poitrine toute cette force dont je suis pétris, et m'en servir pour la servir au mieux. Que s'opère à travers moi ce qui peut s'y réaliser. Laisser libre la voie, la grande avenue où ce nœud de fragments bigarrés avance inexorablement.

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