Aux frontons de conscience, l’étonnement participe aux lumières nouvelles, enjoué de concevoir la transformation des imageries intérieures, le développement des formes, l’assouplissement qui se gagne avec les forces déployées, l’étrange expansion. C’est un trouble aussi de voir la naissance opérer sur soi, d’en sentir les ampleurs et les débordements, de voir les saccages par lesquelles elle advient. Naître déploie et déchire, émerge et ruine, uni et sépare. L’autre homme s’éponge le front, de se voir devenir, de recevoir cette présence fraîche et naïve, encore rebelle de ses premières ardeurs, son corps trop étroit pour contenir tant de fureur à vivre. Il reste encore tout à découvrir, mais le bourgeon déjà pourfend son cocon, la printanière allégorie, comme une araignée sortie du gel, tisse sa toile dans l’esprit charmé. Le monde redevient terrain de jeu. Il ne m’appartient pas, mais il m’appartient d’en réjouir mon sang, d’en échafauder mes rêves, d’y incruster mes pas et ma mémoire… d’en faire quelque chose ! Nous serions heureux de pouvoir y habiter pleinement ; nous serons heureux d’y arranger au mieux l’espace de nos élans, d’y trouver festin de nos faims : l’appétit sait se faire frugal quand il goûte au précieux. L’abondance, elle, semble noyer nos manques par excès, ou étouffer nos désirs par stupeur devant le terrible des choix. La complainte de mes organes et de mes présences se fait moins pressante devant les limites du champ qui s’offre à leurs courses, à leurs danses, à leurs errances, si ces limites contiennent de quoi livrer l’essence de mes passions, de mes ferveurs, de mes enchantements.