26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 12:06

DSCN0655

 

Je sais seulement que cette vie-là ne m'obsède en rien de bon. Et qu'il me faudra l'abandonner. Laisser ma place et m'en creuser une autre, ailleurs. Là où le rêve a fait ses statues de cire. En brûler tous les cierges et y faire la lumière de ma réalité. Mais quitter, partir, à force de sentir tant de vide, tant d'absence, d'une expérience qui me laisse si seul. Si pauvre de la rencontre, de celle qui m'est la plus précieuse. La tristesse dans le corps, comme une larme où miroite un si puissant manque à être rejoins, à pouvoir sentir le touché, le touchant de nos présences. D'une si massive solitude prendre la mesure et accompagner le mouvement qui regarde ailleurs, cherche, espère. De la vie à sentir, de l'autre à reconnaître, du commun partager. Rien que de très banales faims. Repères de connivence, ponts et passerelles par lesquelles l'échange transite. Vers ces possibles résonances, oser dériver, en oser le désir. En considérer l'appel. Ce corps triste, de plus en plus triste, à force d'habiter l'isolement où il est pris, prisonnier. Corps triste qui ne se réveille qu'à la promesse d'autres possibles, d'aubes nouvelles, sous ce ciel tant attendu, dont il ne me reste plus qu'à dessiner l'horizon, le socle et la voûte. Tout là. Sur plan. Y imprégner mon sang et laisser naître la folle architecture du désir.

 

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 12:05

 

DSCN0848

 

 

le temps livré au temps
le souffle au souffle
rien qui ne sépare
ni nulle distance
au précis des instants
tous les détails
la précision du regard
et les perceptions délicates
en plénitude d'esprit
le corps laissé au corps
l'attention à ce présent
d'un rassemblement circoncis
je n'ai pour conscience
aucune raison d'être
ni rien d'utile
mais l'agréable invite
le serein abandon
où passe tranquille
chaque seconde à jamais perdue
chaque brin de vie écoulée

 

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 12:04

DSCN0863

 

j'aurais aimé pouvoir tout aimer de moi
une tendresse pour chaque mouvement
tout comprendre instantanément
au lieu de rejeter durement
ce qui résiste à mon entendement
entendre toujours par-delà l'inaccepté
la blessure, le manque, la peur, le manque
n'avoir à mon endroit qu'un peu de douceur
la gentillesse et la bonté d'un cœur intelligent
j'aurais aimé savoir respecter ma personne
jusque dans ses maladresses et sa pauvreté
l'incompressible humanité de son innocence
me voici triste et désolé
comme si j'implorais son pardon
à l'être soumis à tant d'aveugle violence
- autre maladresse à embrasser

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 12:03

 

DSCN0678

 

nulle louange plus haute
que ces quelques notes d'espoir
le frissonnement aigu
de ma participation
trouble illimité
où s'épousent toutes choses
je n'ai pas d'autre sang
là où je respire
je n'ai pas d'autre histoire
qu'être rejoins là où je suis
et me rendre au lieu-même
de ce visage en vis-à-vis
pour une rencontre d'étonnement


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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 17:10

DSCN0668

 

 

Je me suis imaginé partir
La légèreté
Tandis qu'ils m'attendaient
Je me suis vu passer
Rendre les clefs
Dire je pars
Et partir
Toute la légèreté
Comme dans le corps
Se ravivaient des espaces
L'image seule
Eux assis et prêts
M'attendant
La journée devant
Le ciel dehors
Et moi qui pose les clefs
Et qui annonce je pars
Je vais là où ça me chante
Je ne reviens pas
Fi des conséquences
Je serais parti ainsi
L'impulsion légère
D'où renaissait tant d'espace
Des clartés et des vibrations
Comme si dans partir
Toute la vérité d'un besoin
Soudainement exprimée
Et une odeur de joie

 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 18:34

DSCN0976

 

On dirait une blessure
Une maladie
Au flanc de mon âme
Quelque trou vague et grand
D'où s'épand mollement
Un flux bileux de mélancolie
Sans forces
Du moindre élan privé
Comme abandonné, déserté
De ce qui d'ordinaire
Anime mon être
Tout peuple a disparu
Disséminé d'une seule famine
D'une seule vague empoisonnée
Et me voici passant le jour
Tel un hère, agar en son désarroi
Le cœur de biais, l'œil tendre et triste
N'ayant à son propre souffle
Plus rien qui ne vaille la peine
De respirer encore
Et même la promenade
Où les arbres chantent pourtant
Même la parole échangée
Même le soin d'une attention
De rien ne vient plus nulle joie
Nul réconfort ni rétablissement
Le corps lourd comme un mort
Ne tremble plus d'aucun désir
Sinon celui d'un ailleurs inaccessible
Dont il ne sait plus figurer les traits
Tout en ce présent
Laisse à mes faims
La plus grande indifférence
Et je souffre d'avoir à vivre
Quand vivre est mon seul bien
Mon seul alibi d'existence
Et qu'à ma pâle et blême conscience
Il semble alors ne servir à rien

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 18:52

DSCN0650

 

 

Devenir l'homme
Celui qui se choisi
Trace sa route
Je manque à l'appel
Elles sont toutes voiles
Mes peurs
L'homme qui se sent homme
Possède une liberté belle
    (ou un odieux pouvoir)
Je cède au jugement, au rejet
    l'effrayante crainte de les subir
Et perd le libre et le beau d'exister
Parole d'un être dominé
    soumis à une terreur
    qui ne tient qu'à un fil
    Avoir assez d'amour pour soi
    Et se préférer à ceux qui ne savent aimer
Ô libre et beau de s'exister
    pleinement sous le regard des autres
J'ai, nette comme une pensée, flou comme une intuition
Le sentiment de mon infériorité
Devenir l'homme
Oser pleinement être
De l'amour pour soi
Du respect, de la considération, de l'admiration
De la tendresse
Et cette violence à reconnaître aussi, contre soi
D'un même souffle, tout embrasser
Dominer par l'acceptation ce qui me domine en ne m'acceptant pas
Ils peuvent me juger, me rejeter
Je peux les perdre
Mais je ne peux me retrouver seul
D'un véritable amour
    l'homme vrai ne finit-il pas par s'entourer
    par le seul fait d'oser être ce qu'il est?
 – faciles tournures, aisées considérations, séduisante philosophie:
la peur, elle,
du ventre part et fige tout
    empêche des intentions l'accomplissement mathématique
Il y faut le chemin, entendre l'appel
Tenter la voie, marcher longtemps
Peiner
Penser, sentir, parler, revenir, rencontrer, échouer, recommencer, découvrir
Apprendre, éprouver, embrasser, abandonner, laisser se faire
    S'accomplir l'incompressible besoin
D'affirmer sa voix
Nul ne peut se retenir
S'il tend bien l'oreille
Et reste au cœur d'un vigilance
    Le goût infini de vivre libre

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 09:48

DSCN0865

 

Par le manque. C'est par le manque qu'elle se réinvite en moi. La poésie. C'est par les mots que je lui ouvre un espace. Et par l'attention avant les mots, qui puise aux éléments les images, les tremblements, les évocations, de quoi faire vibrer la parole. Je me mets à regarder différemment. Et dès que s'enclenche cet autre rapport, je le redécouvre avec embarras. Où étais-je pendant tout ce temps? A quoi m'affairais-je, pour si bien oublier celle qui, de mes muses, semble la plus subtile, la plus infinie? Il y a, dans quelque cavité retirée de mon être, une éponge toute sèche qui vient de récolter deux gouttes de pluie, et elle les absorbe comme on sort la tête de l'eau après une trop longue immersion. De l'air! Comment ai-je pu m'en passer si longtemps? De tous les oublis, celui-ci est sans doute l'un de ceux que j'ai le plus crains, et me voilà soudainement libéré de son étreinte, stupéfié de m'y être laissé engloutir, une fois encore, une fois de plus. La poésie. Je ne choisissais pas sa présence, c'est elle qui me happait, m'envoûtait, désormais je dois ramener ma présence à elle. Veiller à ne pas me laisser dériver vers les attentions prosaïques d'une vie à construire, des choses pragmatiques et utiles, d'un rapport sans éclats, sans profondeur, sans âme. Tout en elle, j'étais oublieux de mon propre développement. Tout entier préoccupé par celui-ci, je deviens oublieux d'elle. L'embarras m'est venu en considérant que notre lien n'était peut-être plus authentique, si la spontanéité de sa présence n'était plus. Mais à tout bien considérer, ne s'agirait-il pas plutôt d'une évolution vers un lien de maturité, où ni elle ni moi ne nous empêchons d'exister? L'oublier complètement serait comme mourir un peu. Mais quand je m'oubliais complètement dans la quête éperdue de sa compagnie, négligeant des territoires entiers d'intériorité, abandonnant d'autres besoins, d'autres faims, ne me laissais-je pas aussi mourir un peu?

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 10:43

DSCN0860

 

Dans mes rêves, de larges étendues d'eau s'étirent sous un ciel d'un bleu limpide. Elles sont bordées de franges dorées, un sable ensoleillé et vierge. L'immensité du respirable et le vide des espaces. Ce sont eux qui sont peints ainsi, l'expression projetée de mon besoin viscéral. Repos. Territoires vacants. Vierges de toute organisation. J'avais rêvé une fois de mon balcon, passé à la chaux comme les maisonnées grecques, vidé de toute objet, le bord formant un banc immaculé qui donnait sur un ciel sans fin, d'un bleu quasiment palpable. Silence. Blanc. Brise. Rien. La même évocation. Le même besoin. La même déchirure. Dans ces rêves, je sens quelque chose dans ma poitrine, une douleur sourde, confuse, entre trop grand bonheur et soif inextinguible, soulagement inespéré en lequel je me repose et m'effondre tout à la fois. Je contemple ces images et elles semblent me cisailler l'âme, tant j'aspire à m'y noyer sans pouvoir les atteindre – surtout quand je commence à deviner que je suis en train de rêver. Elles me semblent si justes ces peintures intérieures, elles expriment si simplement ce que je ne parviens à nommer, à contacter. Et je voudrais sur le champ partir, aller vers elles, prendre la route, tout mettre entre parenthèses... transformer mon balcon! Elles indiquent si puissamment ce à quoi j'aspire ces jours sans bien le savoir. Me mettent sous le nez ce dont je ne prends pas bien soin. La fatigue d'avoir à se coltiner la complexité d'une existence de sujet, libre de s'individualiser. Où la possibilité de cette aventure se paie par la responsabilité de relever chacun de ses défis. Et d'assumer chacune de leurs conséquences. Dans mes beaux déserts oniriques, il ne me reste qu'à respirer. Je n'y peux rien faire, sinon contempler, penser, bouger, aimer, sentir.

 

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 12:06

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Le mouvement. Là où il n'est pas, je le cherche. Là où il est, j'ai peine à le considérer. Comme certaines choses font du mouvement et d'autres pas. Dans le corps. Simplement.
    Le corps qui s'active à la perspective de telle ou telle chose. Une électricité dans les membres, le cœur qui bat fort, les images qui défilent sous le front, l'indescriptible besoin d'agir, qui part de je ne sais où... une urgence floue dans la chair, s'associant aux images qui défilent, et l'envie de s'y mettre.
    L'indifférence m'est moins identifiable. Le corps qui ne s'active pas particulièrement, et tout ce que l'on peut faire pour tricher avec cet état, les innombrables stratégies en notre possession pour amorcer d'inauthentiques mouvements – dont je dois reconnaître que les effets peuvent être aussi bien vertueux que vicieux. ///// Par ailleurs, parfois, la même difficulté à identifier le rejet, tant il peut être difficile à accorder au représentations que j'ai de ma personne. /////
    Mais cette montée d'énergie n'a rien de vicieux, c'est très clair. Et elle ne m'échappe pas. Je la saisis au vol. Tant attendue.

Le mouvement, là où il n'est pas, je cherche à comprendre ce qui pourrait l'empêcher d'émerger. Être sûr que ce ne sont pas les exigences ou les peurs qui rendent impossible l'éveil, la mise en branle du désir. Faire le détail des éprouvés. Sous l'indifférence se cachent parfois tant de choses loin d'être inanimées. Les contacter, se les révéler. Espace de quête et de conquête.
    De même que lorsqu'il est fait d'un recul, d'une fuite, d'une répulsion. Avant d'en agir les réactions, j'aime à prendre conscience de ce qui le charge ainsi. Pour me rencontrer. Faire connaissance avec ce qui est touché là. Je n'aurai qu'une seule fois l'occasion de me découvrir dans toute ma complexité – c'est du moins ce que me fait croire ma représentation de l'existence. Et je découvre souvent dans les mouvements de rejet, des éléments dont la richesse est plus bénéfique à ma personne et à autrui quand ils sont posés dans la relation, plutôt qu'agi dans l'évitement, la distance. Même si parfois, la distance s'impose. – Nulle systématique: chaque rencontre unique, chaque situation singulière, des enjeux renouvelés en permanence. (Pas une surprise: si aucun être ne peut ressembler parfaitement à nul autre, à l'image de nos empreintes digitales ou du dessin des flocons de neige, comment tirer une règle qui puisse résumer en une seule formule les infiniment kaléidoscopiques reconfigurations de nos rapports ?!)

Mais ce mouvement là, qui transforme volonté et discipline en désir et concentration, et qui dépend moins de l'angoisse que d'un élan au plaisir (même si les deux s'y confondent), ô comme je suis heureux de le voir investir mon être! Et comme j'ai le souhait de l'honorer de ma plus précieuse attention! Il y a le souci d'un mirage, de le voir s'évanouir au contact du temps, s'essouffler sur les chemins de la durée, mais il y aussi l'immense souci d'en prendre le plus grand soin. D'y veiller comme je veillerais à un feu fragile, sur lequel j'ai épuisé silex, branches et paumes, et qu'il m'est désormais donné d'entretenir avec bienveillance.

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