A rien n’appartenir, du monde que soi. L’épure, en silence confinée, maigre parcelle à tire d’ailes, sur la table blanche, vide, muette. Le contact premier, originel entendement. Nu, pauvre, désossé. Mon premier souffle, dernier regard, d’avant tous les commencements, d’après toutes les fins. A cette distance près, de toutes choses tenues loin, ne laisse que la peau et son évidence. Le goût de ma présence, le goût de ma vie. Remplacent le coût de mon existence. Suis là, déprotégé, épiderme contre chair, départagé, au noyau même de ce qu’il y a à être. Libre d’aimer la pauvreté de mes affections. Rendu, comme un falot sur la plage déserte, le désert de sable pour halo de sage, échoué en rémission. Nul compte à rendre, les choses aimées pour seule légitimité, d’une telle clarté, d’une telle transparence, désinquiétée. Sur l’espace blanc, simple, apparente, l’évidence d’une assise délivrée, émerge de l’écume au regard attentif. Un désolement qui n’a rien de désolé, début recouvré d’une présence pleine de sa pauvreté, riche de sa consistance. Photographie d’un éternel suspendu. A être, respirer, sur la page blanche de cette table vidée, concernée du seul instant, posant sous mon regard ébahi l’ébauche d’un accord véritable, d’un à-corps habitable. Echappé du siège invincible qui l’encercle, de l’invisible ronde qui l’assiège, en totale délivrance, qui se laisse séduire, emporter vers l’image où cet absolu couvrirait chaque fragment de ce qui reste à cheminer.