Le soleil éclatant, et le trouble en moi. Le silence du jour férié, et toute la parole derrière mes lèvres muettes. La même montagne devant moi. Les mêmes mains sous mes yeux. Le même geste. Et tout ce qui tremble, ce qui respire, et tout ce qui change...
Tu peux rester caché. Te fondre dans l’anonymat d’une discrétion, d’une retenue, la tête basse. Tu peux rester au couvert de l’intime, sous le toit tranquille d’un confort bien connu. Tu peux t’arranger un coin d’univers où ton sang mène une vie paisible,...
Dans l’effort et la dispersion, les nuages ont été oubliés. J’y reviens, dans l’abandon de cette heure, la délivrance d’un renoncement. Etrange la faculté de ne pas sentir le froid, la faim, l’absence. Vitale et morbide. Sauveuse tueuse. A la grisaille...
Décalé. Décalé. Embarrassé. Les poids d’orgueil. Les charges passées. Les desseins tétanisés. Etouffé. Engoncé. Emprunté. L’ordre des choses. La pensée sclérose. Dans les bras, un mouvement fou, déchire une camisole. La tête secouée, repousse au loin...
Cette lutte de chaque jour. L’incessant labeur. Les fatigues, les souffles épuisés. Pour une vie, une destinée, une passion. Pour un rêve. Combien nous y tenons, parfois sans le savoir. Et la petite fracture de molécule qui se transporte à travers notre...
Elle existe, cette paix. Elle vit dans un recoin d’espace. Creuse seulement une tranche de lumière vive, au moment où les éléments s’installent, la foule repose, elle apparaît, évidente. Dans ce grand silence de fortune, elle s’impose. Se communique....
Il y a des embrasures qui éclatent. Entrechocs les côtes, tirent aux sensibles essoufflements. Il y a des images permissives, des élancées de plénitude. Coopérer avec les complices de fine valise, ça fait tout un brouillard, une nette confusion – comme...
Un peu comme les nuages, nous pouvons jouer à l’ailleurs. Un peu comme le soleil, nous pouvons briller à retardement. Un peu comme les atomes, nous pouvons nous transformer par la rencontre. Prendre la forme d’antan ou de demain, laisser huit minutes,...
Par le corps un autre chemin se dessine. S’impose. La décision est une capitulation devant ses forces maîtresses, ne laissant d’autre alternative que la souffrance. Souffre ou change. Et, encore, la décision est pauvre : elle préfère la souffrance tant...
Toujours la mort, ici. Toujours la mort sur le chemin. Ma mort pour être exacte. Je me la prends de plein fouet, toujours sur ce chemin. Toujours elle me vient en pleine face, ma mort, lorsque je marche sur ce chemin de mon enfance. A chaque fois, elle...
C’est ce grand vecteur qui vient de derrière et s’avance dans la nuit de demain. C’est lui. Lui que je tiens, construis, suis. C’est avec lui que je marchande, toutes ces étoiles, ces culs de monde à percer, ces bandes-mous d’espaces timides – troc d’infini...
Joie, mouvement. Haine, noir. Angoisse, fourmis rouges. Tristesse, ruisseau. Peine, souffle. Silence allégresse et retenue composent une distance. La journée s’est perdue dans une forêt de songe. Les temps anciens ont remonté les pentes. Il y avait foule...
I De ma pensée cartésienne Droite et anguleuse Etroite en son focus Qui range tout avec application Je souffre De n’être relié à rien Alors j’arrête tout Et j’attends les yeux au flou Que s’ouvre ma présence Jusqu’à pouvoir toucher la peau du monde II...
Il respire en magmas et en éruptions, bouillonne son trop plein d’énergie, sa féroce combustion. Il exhale une meurtrière haleine qui vient nous porter les possibles de vie. Semence dilapidée dans le cosmos, planète éprouvette et bascule oscillatoire...
Lente journée s’effondre dans son ombre. La perte puis l’aurore. J’ai bougé de là à là. Personne ne s’en est aperçu. Roule terre maboule autour du soleil. Ronde nocturne, diurne sans borne s’ellipse. Homo floresiensis fit de même. Personne ne s’en est...
D’être si pris près, c’est d’être si près qui me rend fou, me fait perdre les pédales. Je perds la raison à frôler ainsi le rêve, la consistance si proche du rêve prenant corps. Ce songe aux limites de l’incarnation me fait perdre les pédales, il électrise...
A l’aube, d’entre tous les temps, asseoir ma chair sur la pierre, face au lac béant, à ciel ouvert, miroitant d’infinies piécettes le feu de cire, là-haut. Le froid de l’air m’embrasse les bras, coule dans ma nuque, porte à mes lèvres le goût de l’altitude,...
Et maintenant que les mouvements sont entrés dans le périmètre du jour. Maintenant que ces grands épanchements d’intention sont connus au fichier des consciences averties. Sans rien y faire, à peu de choses près, c’est une différence d’ampleur. Leurs...
A l’orée flambante du jour, j’ai reçu ton message comme une lettre de feu, un papier de lumière. Soulevé de ma nuit dans la lueur surprenante de tes mots, tiré définitivement du sommeil par ces quelques paroles venues illuminer tout ce qui résidait encore...
Frissons courant d'air palpitations vibrantes toute l'armature qui tremble de vie Plus une armature Une chair de mouvement Perpétuelle métamorphose Au contact de ce qui bouge Une joie osseuse Jusque dans la pierre La plus résistante matière Toute imbibée...
Il est un lieu d’être ou commence autre chose. Un saisissement rond, une immédiateté de rapport, une boucle de sens qui se ferme sur son ouverture, son accomplissement. Et si les visites d’antan n’avaient été qu’un début, qu’un appel, qu’une promesse...
J’y suis jusqu’au coup. Je suis cet être cassé. Méconnaissable. C’est une partie de moi qui prend le dessus. Come si je reposais tout entier sur une cheville cassée. J’ai marché, lentement, lentement, pesé de mes pas le long d’un cours d’eau qui courrait...
Sans commencement ni fin, où tout s’achève et reprend, le saisissement rond survient, déploie. Il donne un rapport de pleine consistance, un contact immédiat et complet, propose une éprouvante sensualité de présence. J’aime longuement tenir sur le fil...
Moins que sortir de là : y entrer complètement. Moins que chercher les moyens d’y échapper : apprendre à y vivre. Moins qu’imaginer l’autrement pour en échafauder les plans : accueillir l’actuel pour en reconnaître le sens. Moins que croire en la simplicité...
La folie du vent boursouflait mes pensées, face à l'étendue d'eau mouchetée de vagues. J'avais le souvenir sous le nez, d'une femme accostée, d'un à bientôt plein d'imaginables, me rentraient par tous les pores, les images, le vent, les embruns, j'avais...