Et le souvenir d’hier. Je suis moins seul. Ce lieu est moins seul. Je suis seul à ressentir ce sentiment, mais je vois bien qu’il y a moins de solitude qu’il n’y en a d’habitude, à être là, seul. Une légère modification, subtile transformation de cet...
Je ne sais pas ce qu’il y a eu, mais quand je me suis arrêté à la frange de la montagne, dans l’alcôve de branches et de feuillages qui donne sur la plaine, je ne sais pas ce qui s’est passé là, insidieusement, ce n’est pas venu d’un coup – rapidement...
Tu t’épelles en d’autres noms, calligraphie magique fait des formules et métamorphose ton visage. Sans doute pourrait-on renoncer à bien des choses. Et la musique ensorcelle ta raison, tu vois des mirages et tu les touches du doigt, vivants. Tu t’agrippes...
La lune opale rectangle le ciel Sous la musique des espaces Les voix d'enfants qui percent les vitres Et chahutent mon trouble Immobile dans sa folle vitesse Proche dans son impensable distance A l'étonnement nul n'est tenu. Et pourtant... J'ai rencontré...
En ce silence, que je réinstalle Où la musique n'est plus mélodie du dehors mais voix d'intérieur tout le corps en prise avec le froid sur la peau, les bruits de la rue un muscle douloureux, le goût du vin Et ce silence, comme une enveloppe ou un plateau...
Au pied de ce temps, se joue le chargé de vie. Là, au bord des instants, sur la frange qui s’enroule, tout contenu au frêle passage. Chaque réponse ne se donne qu’à la merci de ce glissement sans fin. Chaque appel ne s’entend qu’au présent de cette fuite...
I Pauvre de tout maintenant Infiniment riche en être Comme débarrassé Des scories et des écorces La peau nue de mon trouble Le souffle heurté de ma vie Posés sur la joue du monde A la surface des étendues Tout contre l’espace immédiat Sans distance aux...
Ce sur quoi j’avais l’habitude de m’agiter, mais est-ce cela je n’en suis pas sûr, ce léger malaise sur lequel j’avais l’habitude de m’agiter, une sensation diffuse dans la poitrine, diffuse et désagréable, j’y réagis différemment, si c’est bien la même...
Le but n'est pas d'écrire le but est d'oublier Utiliser l'écriture. Pour oublier. Centrer sous le bec tout. Le reste disparaissant. Rien. Le but, c'est le retour au rien. A ce rien de dessous l'écriture. Bec de plume, pose l'encre. Sur la feuille. Blanche...
Lentement, mais trop vite. Abrupt et insidieux, le déroulement des nuages, le passage des lumières, l’avancée des âges. Dans la longueur et l’invariable, tant d’infimes secousses, de sols qui s’effondrent, le dur au mou, le net au flou. Par la même voie,...
Je suis donc empêché par mes exigences et pris par le soin que j’ai de protéger ma sœur. Ce que je fais et en quoi j’investis tant de mon être se tient à l’écart de la rencontre parce qu’il y a en moi une telle vulnérabilité que m’exposer sans être parfait,...
Déjà la nuit est trop tôt venue Hier, pour ne pas annoncer Qu'un été, cet été si précieux Ne prend doucement la tangente S'éclipse en douce et éloigne De moi tout ce que j'y ai trouvé Comme si dans sa fuite promise Il pouvait par mégarde emporter Ces...
Je suce jusqu’à la dernière minute cette liberté de rester là, écoutant le piano et me laissant traverser par les vagues mélancoliques de mon humeur. Tentant de cueillir au fond de mon souffle quelque vérité intime, quelque regard nouveau sur mon présent...
Le vent du sud. L’air du lac. Le vol des rapaces, très haut dans le ciel, les hirondelles, l’herbe grasse. Je m’y suis installé comme un œuf fragile, en gestation. Un seul espace où respirer tient debout, donne l’odeur des choses, rend l’haleine de mes...
Il pleut Au beau milieu du mois d'août Et je ne vois pas les gouttes Ni ne sens la fraîcheur automnale Tant j'ai le cœur gorgé d'été Et les veines pleines de chaleur Je serai mouillé en sortant Mais l'eau qui coulera dans mon cou Sera comme le ruisseau...
Toute la réalité qui échappe au contrôle, s’abat comme guillotine sur la tête des images prévues. Aléas qui invitent à nier, effacer, déformer le tissu qui forme un vécu et ses expressions. La résistance aux pressions aliénantes, c’est l’épure constamment...
Calme. Le souffle régnant, maintenant. Les notes d’un piano recouvrant doucement le voile de pensées. Suspendu. Comme cette lumière pâle à travers la fenêtre, les branches enchevêtrées dehors, le profil d’une ruine plus loin, dans le contre-jour. Une...
The first hour Il pourrait y avoir tout au fond de l’homme sa sanglante déchirure, son cri premier, l’arrachement à la matrice, à toutes choses. Il y avait contre ce froid que mon corps ne veut plus sentir, des rages inextricables, une fuite précipitée....
Quand j’ai reçu son message, quand j’ai vu son nom s’afficher sur le petit écran, déjà mon cœur a dû accélérer, sans que je ne m’en rende compte. Je n’ai pas fait gaffe, mais mon cœur a du s’emballer un peu sur le coup, je n’ai même pas pris le temps...
II Lumière d’éblouissement Cent mots ni phrases ni recul La rouille ici là Le reflet éclatant Cette musique, cette guitare et cette voix Ces livres en étagère L’heure qui tourne Tourne en rond, avance L’écho des temps La plume griffe son mot La seconde...
J’ai bu un soupçon d’étoile Au fond de l’ignorance Vécue Dans l’ourlet de joie L’inaccessible délivrance Etincelle d’espoir J’ai su Glissée sous la langue Ténu filet de distance La césure intime Fidèle Seule voie d’être Coupure d’infime Qui mêle au monde...
Je sais seulement que cette vie-là ne m'obsède en rien de bon. Et qu'il me faudra l'abandonner. Laisser ma place et m'en creuser une autre, ailleurs. Là où le rêve a fait ses statues de cire. En brûler tous les cierges et y faire la lumière de ma réalité....
A rien n’appartenir, du monde que soi. L’épure, en silence confinée, maigre parcelle à tire d’ailes, sur la table blanche, vide, muette. Le contact premier, originel entendement. Nu, pauvre, désossé. Mon premier souffle, dernier regard, d’avant tous les...
Si elle savait, les images, ces images qui me viennent, si elle savait comment les images me traversent, si elle en connaissait les histoires, j’ai la question au bout des lèvres, au bout des lèvres se demande comment prendrait-elle cela ? Et si je savais,...
Et si l’existence pouvait peu à peu battre son plein ? J’allais dire « enfin ». Mais il y a la lenteur, le temps, qu’il faut composer, avec. Et puis merde quoi, s’il faut se trier les tripes à tout instant, que reste-t-il comme occupation, comme disposition...