Je continue de croire que mon travail d'humanité consiste à accepter la différence de l'autre, jusque dans sa plus grande étrangeté, jusque dans ce qu'elle me fait vivre de plus abominable, de plus terrifiant, de plus insupportable. Et que ce travail...
Pour la première fois aujourd’hui, j’abandonne un instant le face-à-face aveuglant qui me confronte à la blanche et impénétrable lueur de mon sentiment pour regarder dans le blanc des yeux celle qui pourrait bien être à la source de cette confusion :...
D’arriver là où tu te trouves, enfin. Peut-être l’enfant, l’homme, tout ensemble comblé devant toi, devant ton image qui s’offre, s’annonce. Peut-être tout cela emmêlé dans le désir qui s’ouvre, s’annonce. Comble la distance, approche-toi encore, sans...
I Ne pas dire sur Dire dans, depuis dedans (Comme il faudrait entre les êtres) [Etonnante parallèle] II Des reflets brisés Kaléidoscope aux fenêtres d’en face Des antennes immobiles Qui cueillent l’invisible Le vol d’un regard liquide Sa rêverie tranquille...
I Tout le perdu Et aussi Toute l’incertitude de la quête Sans qu’aujourd’hui Puisse d’aucune manière S’y faire oublier II Ces façons qu’ont les choses De nous rappeler au désordre III Je voudrais tant pouvoir renoncer A ce mouvement qui n’accepte pas...
Quand? Cette question va droit à la perte de son sens Mais aujourd'hui encore quand? Le jour où tu me donneras réponse Alors quand mourra définitivement Il en va de ton apparition Pour l'instant à l'essoufflement d'un jour Il m'arrive encore d'entendre...
La nourriture se trouve en ces écuelles d’instants où tout vibre enfin, à nouveau, sans durée. Au détour d’un chant, à l’orée d’une saison, sous l’arche d’une espérance, peut-être dans la plus commune des chambres, à la moins étonnante permission, quand...
Je ne m’y attendais pas. Je suis monté marcher avec le souvenir encore frais de l’air, du vent, des odeurs, de l’herbe foulée, des arbres amicaux, un souvenir léger, important et futile, important dans sa belle futilité. Je ne m’attendais pas à ce soleil,...
Je cherche un peu de place, un espace où s'effacerait tout ce qui n'est pas paysage. Dehors, celui qui défile roule sous mes yeux comme le chapelet sous les doigts du moine, au rythme d'une silencieuse prière, scansion régulière formulée d'une voix sourde...
Dans un vrai silence, sans musique, sinon celle du monde. Il y a longtemps que je n'avais pas atteint un tel degré de concentration. Calme. Si profondément calme. Je devine la compagnie d'une profonde sagesse. Mais attention à la perte de l'humour. Difficile...
Fondamentalement, les choses de l’esprit m’intéressent moins que celles du corps. Sans dire qu’il y a césure radicale, cependant l’expérience du penser peut s’avérer diamétralement opposée à celle du sentir – située alors à l’autre bout d’un continuum,...
Une jouissance d’oubli. Tout ce qui se concentre là, sous mon attention réunie, dans mon geste rassemblé. Les maux d’être évincés de l’espace habité par ce corps en mouvement, ce corps décidé. Jouissance qui fait un manque, pourtant. Pas le manque du...
Une ombre intérieure Tête au ciel L'immensité d’inconnu L’ineffable Invite ton oubli Comprendre cesse Ne rien faire En maintenant Sentir et penser Au cœur liquide De la présence Epure d’unicité Retraite Au vivant palais D'un corps immobile Toucher l’absurde...
Tirez donc un peu Sur les franges de ce jour Du bord de ses lumières étendez le drap Vous forces tranquilles Paisibles anges du rêve Donnez à ce pauvre jour Quelques étoffes supplémentaires Qu'il puisse allonger son corps Jusqu'au ventre de la nuit Tendre...
En force ce qui passe fait un manque, une absurdité. L’effort qui n’a pas désiré se replie sans fin à son début, son initial entêtement, vide et creux. Ses réussites ont toujours le goût de l’échec, et la leçon à tirer n’est rien d’autre que son absence,...
Une danse. C’est comme une danse. Plutôt comme tout ce qui précède la danse. Aucun des deux ne sait vraiment, complètement, sûrement – s’il a envie de danser, s’il a envie de partager cette danse avec l’autre. On se tourne autour, on échange des signes....
J'ai demandé que l'agitation cesse. J'ai dit à haute voix, serrant de mes mains mes tempes exténuées: « Stop! » Je me suis rappelé d'un temps où la poésie venait me visiter, sans que je ne lui aie rien demandé. Elle me sonnait les cloches, m'étourdissait...
Tous ces corps et le tien. Tous ces corps et le mien. Ces symboles qui ne me parlent que de loin, ne me disent rien au fond, en surface oui, je sais, je comprends mais dans le fond, non, je ne comprends rien. Bruit, confusion, distance. Une vague peur...
Trop d’être dans le faire, symboliquement. Une présence identitaire trop engagée dans la réduction de l’acte, qui y suffoque, s’y terrorise, insupportable méprise de l’être global figé dans le détail d’un geste. Une identité complexe toute rassemblée...
Écrire. Écrire pour ne rien faire. Pour faire le point. Déposer celui qui cloue les phrases. Je cherche. Quoi. De la paix. Un peu de paix. Un peu de douceur dans ce corps violenté. D'angoisse, de peur, de tristesse. J'en ai assez eu, je voudrais un peu...
Je lis. Il pleut. Sombre. L’eau. L’océan. Présence diffuse. Les mots. L’univers du langage. De la pensée. Paradigmes. Les grands paradigmes de la pensée humaine. Il me faut les connaître. Ne pas passer sur terre et les avoir manqués. Connaître l’expérience...
Après avoir couru follement dans le sable Où l'effort est en chaque pas comme un supplice Donnant la mesure de nos constitutions Marché quelques secondes sur les mains Par l'équilibre précaire d'un joyeux désespoir, Après s'être laissé mollement bousculer...
Il est d’autres choses que j’effleure encore et que je retiens moins, qui m’apparaissent moins fortement, mais qui pourtant ne sont pas moins signifiantes. Moins effrayantes, moins troublantes, sans doute, moins problématiques dirons-nous. Pourtant ce...
Retrouver la page, la plume, le silence. L'immédiateté, le geste d'écriture. Retour de poésie. Au coucher, la liberté des élans construit des mondes. Au lever, folie, délire que ces plans échafaudés dans l'immense. Je dois réellement m'arrêter pour réellement...
Avec de vagues humeurs glissées sous l’épaule. Avec de grands souffles posés sur les pierres. Avec dans les mains, comme un frêle organisme, l’indicible frisson vénéré. Avec l’obsession d’être, installée entre la vie et moi. J’ai grandi comme j’ai pu....